Jean-Philippe Martin, partner VISCONTI, reçoit Eric Mignot, président de + Simple, ex dirigeant de Boursorama Banque et d’Hiscox, pour partager sa trajectoire de dirigeant devenu entrepreneur pour Bâtir le leader de l'Assurance pour TPE et Indépendants en Europe continentale.
Après avoir travaillé dix ans en Amérique latine dans de grands groupes (France Telecom et Suez), puis dirigé les sociétés Hiscox et Boursorama Banque, Éric Mignot lance + Simple.
Il fonde cette entreprise en 2015, accompagné d’Anthony Jouannau et Salah Hamida.
Marié depuis 30 ans, Éric est père de trois garçons, « + Simple a été une décision familiale ». Le soutien de sa famille au quotidien a été essentielle dans cette aventure entrepreneuriale.
En 2015, Éric devient entrepreneur, quels sont les éléments marquants qui ont amené ce changement ?
L’envie et la frustration. L’envie de créer, développer, innover ….et la frustration ressentie dans la vie Corporate caractérisée par une débauche d’énergie du fait de l’organisation très (trop) pyramidale des grands groupes.
Alors pourquoi ne pas mettre cette énergie au service de la création d’un projet personnel ?
Comment a-t-il mis les expériences de son parcours au sein de grands groupes au profit la création de + Simple ?
Dans toutes ses expériences au sein des grands groupes, Éric s’est impliqué « à fond ».
Il a donc beaucoup appris, a fait de formidables rencontres, et s’est créé un réseau, ce qui lui a ensuite servi dans la construction de + Simple.
En tant que dirigeant de société établie Corporate, énormément de questions se posent sur l’organisation, le fonctionnement : et ce à chaque étape de croissance et/ou d’évolution.
Ces expériences ont permis de bien gérer ces différentes étapes au sein + Simple : partis à 3, + Simple compte désormais une centaine de collaborateurs.
À trois, les fondateurs de + Simple ont mis en place une gouvernance spécifique et un fonctionnement efficace, mais comment fonctionnent-ils ?
Souvent les aventures entrepreneuriales butent sur la relation entre associés qui se dégrade après quelques temps.
Le fait qu’Eric, Anthony et Salah se connaissent depuis longtemps, et possèdent chacun des expériences complémentaires et une maturité, leur a permis de se poser dès le départ les bonnes questions et être alignés sur le projet : « Qu’est-ce qu’on cherche ? » « Qu’est-ce qu’on souhaite apporter ? » « Comment s’organiser ? ». De ces questionnements résultent des rôles précis, Salah prend en main la partie technologique, Anthony la direction générale et la supervision des équipes opérationnelles et Éric s’occupe du business développement et de la finance. De fait la gouvernance est très collaborative et chacun se positionne en leader ressource pour les équipes avec l’octroi d’une large autonomie d’actions.
Dans cette logique de responsabilisation des collaborateurs, comment contrôler que le travail est fait ?
Dans cette organisation, chaque collaborateur a ses responsabilités et son autonomie ; le contrôle se réalise par construction car la priorité est le Focus opérationnel.
+ Simple étant établie dans plusieurs pays, la dimension Pays prime avec une priorité sur le « terrain » et chaque initiative, action est ainsi au centre des attentions et « se voit ».
La structure Groupe se positionne « en dessous » et vocation est d’amener un support : essentiellement la plateforme technologique (gage de cohérence) et quelques services corporate.
Cette organisation priorisant le terrain, le business, les BU avec la plateforme en soutien est une philosophie de gouvernance impactante
Nous sommes dans une ère dans laquelle ce sujet de la responsabilité est important. Les organisations hiérarchisées et verticales tendent à disparaître. Maintenant, les entreprises sont plus petites, plus collaboratives. La révolution à laquelle nous assistons touche d’ailleurs toutes les organisations humaines, celles-ci sont mises en échec lorsqu’elles sont trop verticales. Pour ce faire, cela nécessite des gens responsables et porteurs de projets.
Cette croissance se réalise beaucoup au travers des acquisitions, le sujet de l’intégration de nouvelles équipes se pose alors. Comment + Simple réalise-t-elle cette intégration des acquisitions de la meilleure manière qui soit ?
Pour Éric c’est un challenge. Ils ont fait sept acquisitions sur les deux dernières années. La clé des acquisitions est de se dire qu’il faut appréhender le M&A comme une compétence. Comme dans un entrainement sportif, on commence par lever dix kilos puis vingt, trente… Petit à petit. Chez + Simple le M&A est programmatique, il est « processé » et chaque est un terrain d’apprentissage.
Par construction, l’intégration se fait particulièrement bien quand l’acquisition pour sur des entreprises dans lesquelles les fondateurs sont encore à la manœuvre : ceux-ci peuvent rester et trouvent un espace pour continuer à se développer, en ayant des moyens différents.
Éric, Anthony et Salah ont mis en place un ADN qui permet de conserver les entrepreneurs au sein de + Simple
Depuis le début, tous les trois se sont dits qu’ils n’y arriveraient pas seuls. Ils essayent de perpétuer cet esprit collaboratif. Parfois ils y parviennent, parfois pas, selon les affinités. Dans tous les cas, ils s’efforcent de donner une place à chacun pour continuer avec d’autres moyens et une équipe….et toujours avec responsabilités et capacité de décision.
Quels sont les grands caps et perspectives aujourd’hui avec l’exigence des nouveaux fonds d’investissement prestigieux de + Simple ?
C’est une grosse étape. Pour Éric, il est agréable est de voir qu’au fur et à mesure, ils progressent. Ils ont des partenaires qui les aident à grandir par leur professionnalisme, leur réputation. Cela les pousse à devenir meilleurs au quotidien. D’ailleurs, le dicton chez + Simple est : « Si tu penses que tu es arrivé c’est que tu n’allais pas bien loin ».
Leur ambition est de devenir la plateforme leader en Europe continentale pour l’assurance des professionnels et petites entreprises. Il y a un énorme besoin de ces entrepreneurs pour trouver des solutions d’assurance.
Le fonds d’investissement KKR vient de leur donner le moyen de répondre à leurs ambitions en les accompagnant dans ce développement européen. C’était le partenaire idéal au stade de développement auquel ils étaient arrivés. + Simple compte aussi sur d’autres partenaires importants : Eurazeo et Tikehau.
Ces partenaires sont essentiels pour permettre la réalisation des ambitions.
Dans le cadre du déploiement de l’entreprise en Allemagne, France, Espagne et Italie, Éric Mignot compte s’investir en partant en Italie.
S’ils veulent donner la bonne perspective de leur organisation au pays il n’y a rien de mieux que d’être sur place, c’est pour cela qu’Eric a pris la décision de déménager personnellement sur Milan. L’Italie est le pays européen dans lequel se trouve le plus de professionnels et entrepreneurs. C’est donc le marché le plus dynamique pour + Simple.
Éric est très présent dans les écosystèmes, que retire-t-il de cette partie annexe de son job de dirigeant ?
Il faut essayer de ne pas « se reposer sur ses lauriers ». Éric n’a pas beaucoup de réunions en interne, ce qui lui libère du temps pour travailler sur d’autres sujets. Il participe au bureau de France Fintech et rencontre beaucoup de porteurs de projets.
Cet ancrage dans l’écosystème et ce dialogue avec les entrepreneurs est une manière pour lui d’observer le marché et ses évolutions. Cela nourrit la roadmap mise en place dans l’entreprise. Humainement, la relation entretenue avec ces entrepreneurs rencontrés est un véritable moteur d’énergie.