Éric Devaulx, coach et Partner VISCONTI, reçoit aujourd’hui Stéphanie LEDOUX, fondatrice et CEO de Alcyconie, entreprise dédiée à la prévention et à la gestion des crises cyber et numériques.
Réserviste opérationnelle au COMCYBER Stéphanie accompagne, conseille et entraîne les entreprises et institutions à piloter des situations complexes et asseoir une communication de crise efficace, principalement sur les sujets du numérique.
Qui est Stéphanie LEDOUX ?
Stéphanie cumule différents rôles : celui de cheffe d’entreprise, celui de maman de jeunes enfants, celui de sportive et celui de réserviste opérationnelle. De manière générale, Stéphanie est engagée et fait les choses « à fond ».
Quels sont les moteurs de Stéphanie ? Et qu’est-ce qui lui a donné l’envie d’entreprendre ?
Les moteurs sont nombreux :
- La passion de la gestion de crise : Stéphanie a découvert cette discipline assez jeune, au début de sa carrière dans le cadre d’un premier stage et c’est vite devenu une passion.
- Stéphanie est issue d’une famille d’entrepreneurs, et elle a toujours voulu suivre ce chemin.
Alcyconie est le résultat de l’union de ces deux moteurs.
Spécialiste de la gestion de crise cyber est un poste surprenant par rapport au parcours de Stéphanie…
Aujourd’hui, la Cyber est un secteur d’expertise avec des métiers très pointus. Mais Stéphanie a procédé à l’envers : elle a apporté l’expertise qu’elle avait dans la gestion de crise au secteur de la cybersécurité. Il y a quelques années, on commençait à parler des crises cyber et le constat de Stéphanie était que ces discussions restaient très techniques.
Elle était surprise de ne pas retrouver sur ces crises les dimensions qu’on voit assez classiquement émerger sur d’autres natures de crises : humaines, réputationnelles. Il y avait donc un besoin. C’est sur ce constat qu’est née Alcyconie, qui est devenu le premier acteur européen spécialisé sur ce sujet.
Mais une fois le besoin identifié, encore faut-il savoir de quoi il est question. Stéphanie a donc repris des études durant un an avant de lancer Alcyconie pour se former à la cybersécurité et l’intelligence économique, etc.
Les femmes représentent 15 % des dirigeants d’entreprise en France, celles ayant réussi à lever des fonds 2 %.
Dans ce contexte, comment Stéphanie explique-t-elle sa réussite ?
Quand on a envie de sortir du chemin « tout tracé » il n’est pas rare d’entendre autour de soi des interrogations telles que : « Es-tu sûre ? », « Est-ce bien raisonnable ? » ou encore « Mais tu as un bon poste dans un groupe, avec de bonnes conditions… », si on écoute ces avis extérieurs on ne se lance jamais. Avec son envie d’entreprendre et de faire différemment, Stéphanie s’est lancée sans prêter attention à tout cela.
Dans l’équipe Alcyconie, il y a de l’énergie, de l’adhésion, de l’engagement, quelle est la « Secret sauce » de Stéphanie ?
La « Secret sauce » de Stéphanie est de faire en sorte de rester soi-même. Si on a envie d’avoir des personnes qui adhèrent à ce qu’on fait et qui s’y retrouvent, il faut aussi savoir rester entier et honnête avec soi-même.
Car c’est important de croire en son projet, mais il faut que des gens nous rejoignent dans ce qu’on est en train d’écrire.
Stéphanie a aussi voulu créer l’entreprise dans laquelle elle a toujours voulu travailler, dans laquelle on est heureux de venir, dans laquelle on a le sentiment de faire quelque chose d’utile, dans laquelle il y a un bon esprit d’équipe, une bonne ambiance et une confiance établie.
Alcyconie est-ce alors une famille, une équipe, un collectif ?
C’est un peu des trois mais cela dépend des périodes de développement d’Alcyconie dont on parle. Il y a, comme évoqué précédemment, cette confiance qui doit s’installer et demeurer au sein de l’équipe. Aujourd’hui, les collaborateurs d’Alcyconie forment une équipe avec un objectif commun.
Stéphanie a à cœur cet esprit d’équipe, cela n’est pas surprenant venant de cette ancienne nageuse de natation synchronisée. C’est avec le même niveau d’exigence qu’en compétition que Stéphanie veut avancer en équipe. L’exigence n’empêche pas d’être soudés, il est essentiel d’avoir un objectif ambitieux et de faire en sorte de s’y tenir.
Chez VISCONTI, on n’est pas dirigeant, on le devient. Stéphanie peut-elle retracer quelques étapes clés d’apprentissage de son métier de dirigeante ?
En regardant dans le rétroviseur des cinq années qui viennent de s’écouler et dans l’avenir qui se profile, Stéphanie constate que sa fonction de dirigeant(e) a beaucoup évolué.
Au début, Stéphanie était en « mode guerrière » ou « chef de chantier ». Quand on lance son entreprise, on fait tout, on plonge dedans, on intervient un peu sur tous les plans. Ensuite, il y a eu l’étape de construire ensemble en réunissant des personnes à ses côtés. On forme alors un premier noyau pour préparer l’accélération.
On devient « entraîneur ». Cela a duré deux ans. Et maintenant, Stéphanie arrive à une nouvelle étape dans laquelle elle endosse plus un rôle de « capitaine de navire ».
Dans ce temps, il faut faire en sorte que le bateau aille plus vite, de manière plus performante et efficace en ayant à son bord de plus en plus de membres d’équipage. Au-delà d’un challenge de dirigeant(e), c’est un challenge humain. Les défis évoluent et sont complètement différents les uns des autres faisant appel à des compétences diverses. Stéphanie, elle, a évolué pour être plus tournée vers l’humain et le développement des différents membres de son équipage.
Qu’est-ce qui a changé en Stéphanie depuis la création d’Alcyconie ?
L’entourage de Stéphanie a tendance à dire qu’elle est là où ils s’imaginaient qu’elle serait. Car pour eux il était évident qu’elle suivrait les pas des autres membres de sa famille en se lançant dans l’entrepreneuriat. Stéphanie, quant à elle, a le sentiment d’être la même personne qu’il y a cinq ans.
Mais des choses ont évolué, les interlocuteurs ont changé, Stéphanie se sent plus assertive qu’auparavant. Elle ose aussi plus de choses car faire évoluer une entreprise c’est prendre des risques, qui avec la croissance de l’entreprise, n’engagent plus seulement soi. Ce dernier critère doit compter dans toute décision.
Si Stéphanie avait une baguette magique, quel rêve formulerait-elle pour elle et Alcyconie dans les dix ans à venir ?
Le rêve à dix ans est d’avoir su rester une entreprise dans laquelle les collaborateurs ont toujours plaisir à venir le matin. Stéphanie pense que cela perdurera si les collaborateurs continuent de trouver du sens dans ce qu’ils font, car ils ont le sentiment de servir le bien commun.
En effet, ils aident des dirigeants, des entreprises, des équipes à traverser des étapes extrêmement compliquées. S’ils parviennent toujours à faire cela dans dix ans, cela sera très bien. Ensuite, le rêve plus large est de pouvoir étendre Alcyconie à l’échelle européenne pour qu’elle devienne un acteur européen de la gestion de crise cyber et de la cyber résilience.
Et le rêve pour cette année, quel est-il ?
Les enjeux à court-terme sont nombreux. Cette année 2024 est cruciale pour Alcyconie, c’est l’année de la transformation, de l’accélération. En 2023, ils ont levé des fonds et étoffé l’équipe. Pour 2024, trois types de challenges :
- Continuer de faire vivre l’activité de conseil, la développer et lancer en parallèle une activité autour du produit car ils sont en train de développer deux logiciels.
- Accompagner les équipes. En effet, ils sont passés de dix à 22 collaborateurs. Alors comment faire en sorte que ce collectif se développe bien ? Comment installer un management intermédiaire ?
- Évoluer en tant que dirigeante pour Stéphanie. Le métier de dirigeant n’est plus le même qu’il y a cinq ans et elle doit évoluer avec. Également, elle doit relever le défi de trouver la « Secret sauce » entre être en proximité et laisser chacun faire son travail, prendre du recul. Car on attend de Stéphanie qu’elle emmène Alcyconie vers son objectif et suive sa trajectoire à dix ans, avec un niveau d’interlocuteur différent.
Les conseils clés de notre partner coach Éric Devaulx
- Rester soi-même
- Garder la proximité avec l’équipe
- Incarner les valeurs de l’entreprise au quotidien
Éric DEVAULX
« On a des capacités que l’on ignore de soi. On ne dépasse pas ses limites, on les découvre » Jean-Louis Etienne