Éric Devaulx, Partner chez VISCONTI, reçoit aujourd'hui Yosra Jarraya, co-fondatrice et CEO d'Astran, une entreprise spécialisée dans la cyber résilience des organisations, au micro des Visconti Talks.

Diplômée d'HEC Paris et de l'université Panthéon-Sorbonne en commerce et droit, Yosra débute sa carrière dans le domaine du M&A chez Davis Polk & Wardwell avant de se diriger vers des fonctions de direction en tant que Group General Counsel à La Financière Lov. 

Passionnée par l'innovation, elle enrichit son expertise en suivant le programme Blockchain Technology du MIT en 2020. 

En 2021, elle cofonde Astran, apportant une réponse stratégique aux enjeux de sécurité et de résilience des entreprises.

Qui est Yosra Jarraya ?

Ce qui la caractérise avant tout : une optimiste déterminée.

Parmi ses citations favorites : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

Avec son équipe, elle œuvre à transformer le monde et à le faire progresser. En reconnaissance de son engagement, en 2023 elle est nommée Young Leader par la French-American Foundation.

Quels ont été les moteurs de l'entrepreneuriat de Yosra ?

L’envie d’entreprendre l’a habitée pendant de nombreuses années, nourrie par plusieurs déclics marquants. 

Le véritable point de bascule a eu lieu durant la période du Covid. Isolée chez elle, elle a travaillé intensément, comme beaucoup, mais a aussi perdu l’illusion que la vie « allait de soi ».

Cette période l’a poussée à s’interroger : de quoi cherchons-nous réellement à nous protéger ?

Portée par cette réflexion, elle prit une décision radicale : cesser de réaliser les rêves des autres pour poursuivre les siens.

C’est ainsi qu’elle a cofondé Astran, une aventure qu’elle partage avec son mari et son frère.

Dès la création d’Astran, il y avait une ambition de voir grand et de penser international. Pour quelle raison ?

Dès sa création, Astran a choisi l’anglais comme langue de travail, même si ses clients actuels sont majoritairement français.

Cette décision repose sur une conviction forte : il est impossible de devenir un leader mondial en se limitant au marché français.

Cela est d’autant plus vrai dans des secteurs comme l’IT, la cybersécurité et la résilience, où les acteurs américains dominent. Conquérir ce marché est donc essentiel.

Une seconde raison, plus personnelle, réside dans le parcours de Yosra.

Avec une famille ayant vécu aux États-Unis et le rêve américain ancré en elle depuis toujours, elle n’imaginait pas son projet autrement qu’à l’international.

À la tête d’Astran trois cofondateurs, comment fonctionnent-ils ensemble ?

Le lien entre eux était naturel. Cependant, après quelques années, ils ont compris l’importance de se connaître également sur le plan professionnel. 

Ils ont entrepris des analyses approfondies de leurs personnalités et de leurs modes de travail, afin de mieux s’aligner et de respecter les particularités de chacun. Ce travail a eu un impact direct et positif sur leur équipe. 

C’est ainsi qu’ils ont pu définir une vision claire, établir des valeurs communes et les faire adhérer pleinement à l’ensemble de l’équipe.

Quelles ont été les étapes clés d’apprentissage du métier de dirigeante de Yosra ?

À chaque étape de son parcours, Yosra a enrichi son savoir et développé de nouvelles compétences.

Lors de son premier emploi, elle a découvert l’importance de l’engagement et du travail acharné pour atteindre ses objectifs. 

Dans son poste suivant, elle a appris à maîtriser l’art de la synthèse et à communiquer dans le langage des dirigeants : concis, percutant et sans superflu. 

Avec Astran, elle a compris que le rôle d’un dirigeant est avant tout de servir son équipe, et non l’inverse. Elle y a également développé sa résilience, en apprenant à laisser le temps faire son œuvre. 

Créer une entreprise, c’est savoir gérer ses attentes, construire patiemment, étape par étape, tout en acceptant de ne pas tout contrôler. Cela demande aussi une capacité d’adaptation et une souplesse pour se réajuster en cas de besoin.

Qu’est-ce qui a changé en Yosra depuis la création d’Astran ?

Yosra est beaucoup plus patiente, plus bienveillante et empathique. Elle a appris à écouter et à se mettre à la place de son interlocuteur.

Le rêve à dix ans pour Yosra et Astran ?

Yosra déclare vouloir « sonner la cloche du Nasdaq ». 

Quel est le style de leaderhsip de Yosra ?

Bienveillant et exigeant.

Quels conseils pour être un excellent dirigeant ou une excellente dirigeante ?

• Ne pas avoir d’égo 
• Etre déterminé et persévérant 

S’il devait y avoir un enseignement en tant que dirigeant(e), quel serait-il ?

« Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait » (qui est d’ailleurs une citation de Marcel Pagnol et non de Mark Twain).

Les conseils du coach 

- Rêver grand, ce qui permet d’avoir une projection long terme et d’embarquer l’équipe ;

- Dès le départ, penser international ;

- Travailler la posture de servant leadership : créer des conditions pour que l’équipe réussisse.