Dans les coulisses du pass Culture !

Épisode 17

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Dans les coulisses du pass Culture !

Dans ce nouveau numéro des VISCONTI TALKS, Hubert REYNIER coach et fondateur chez VISCONTI, reçoit Sébastien CAVALIER, Président du pass Culture.

Fruit d’un partenariat de premier plan entre l’Etat, les acteurs culturels, l’environnement scolaire et les collectivités territoriales, le pass Culture est né de la volonté affirmée d'encourager les jeunes à intensifier et diversifier leurs pratiques culturelles.

Après avoir travaillé au Cambodge, à Taïwan et en Chine, ... dans le domaine de la culture à l’UNESCO, et au Ministère des Affaires Etrangères, Sébastien a dû faire preuve d'une grande capacité d’adaptation dans ses différentes missions.

À travers leur échange, il nous livre ses meilleurs conseils pour mettre en œuvre des politiques publiques tout en s'appuyant sur une culture start-up.
Découvrez sans plus attendre les différents défis que le pass Culture a su relever avec succès :

Pourquoi l’adaptabilité est devenue une clé de réussite au pass Culture ?
Comment instaurer un climat de confiance rapide et durable auprès de son comité de direction et de ses collaborateurs ?
Comment Sébastien a-t-il conjugué l’évolution des objectifs politiques, la croissance du pass Culture en tant qu’entreprise et sa réussite actuelle ?

Hubert Reynier, Président fondateur de Visconti Partners, reçoit aujourd’hui Sébastien Cavalier, dirigeant du pass Culture

 

Quelques mots sur le parcours de Sébastien Cavalier

Sébastien a beaucoup voyagé, il a eu la chance de travailler au Cambodge, à Taïwan, en Chine, de revenir travailler à Paris puis à Marseille. Il travaille toujours dans le domaine de la culture mais pour des organisations très différentes : l’Unesco, la ville de Marseille, le ministère des affaires étrangères. Et cela dans des pays nécessitant une grande capacité d’adaptation.

Justement, à propos d’adaptation, comment renouveler la façon de travailler des politiques publiques en s’appuyant sur une culture start-up ?

Le pass Culture est un projet atypique puisqu’en France les politiques culturelles se sont beaucoup construites autour de réseaux d’acteurs. Avec le pass Culture, il y a un renversement de la tendance en donnant la parole à un public (les jeunes) et en leur laissant une liberté de choix. C’est une première révolution. La seconde a été le fait de créer une structure agile, souple, adaptable d’où l’idée de fonder une SAS qui possède des financements publics tels que le Ministère de la culture et la Caisse des dépôts, mais qui dans sa philosophie reste très privée et recrute des gens d’horizons différents. Il faut donc parvenir à faire travailler ensemble des gens n’ayant absolument pas la même culture mais qui, pourtant, sont portés par un projet commun : donner envie aux jeunes d’être curieux et de donner à la culture une place centrale dans leur vie. 

Comment le pass Culture a-t-il fait pour créer cette culture commune ?

Le pass Culture a d’abord identifié les compétences dont il avait besoin : développeurs, designers, gens connaisseurs du secteur culturel, du secteur de l’éducation. Il a alors réalisé que tous ces gens parlaient un langage différent et ont donc cherché le dénominateur commun pour que tout le monde s’accorde sur quelque chose de concret. Cela a été en premier lieu des commandes politiques très simples, ces objectifs ont permis de créer une base de culture commune. Puis, Sébastien et son équipe ont travaillé sur des dispositifs permettant à ces gens de travailler ensemble et de se challenger tout en se respectant. Et ainsi, progressivement, de créer leur propre langage et de parvenir à tirer le meilleur de chacun. 

Comment Sébastien a-t-il conjugué l’évolution des objectifs, la croissance du pass Culture en tant qu’entreprise et sa réussite actuelle ?

L’équipe du pass Culture essaie de s’adapter aux évolutions et d’être ouverte, à l’écoute de ce que leurs utilisateurs lui renvoient et lui demandent. L’objectif de base était : comment donner envie à des jeunes de 18 ans d’avoir plus de pratique culturelle et diversifiée ? Trois cent euros leur étaient octroyés mais pour que cela fonctionne il fallait que les acteurs culturels leur fassent des propositions. Cela nécessitait donc un catalogue de propositions important, le pass Culture est alors devenu une sorte de market place. Très vite, le pass Culture a réalisé qu’en mettant les jeunes d’un côté et les acteurs culturels de l’autre cela produisait des externalités positives auxquelles il n’avait pas pensé. 

Le challenge d’un acteur culturel est justement de se marketer vis-à-vis de ces jeunes… 

Les acteurs culturels sont très différents selon le secteur dans lequel ils travaillent et selon s’ils évoluent dans un univers privé ou subventionné. Dans tous les cas, le public jeune est difficile à saisir pour les acteurs culturels. De par un déficit de connaissances mais aussi la complexité pour certains d’entre eux à passer dans un monde plus numérique dans lequel les jeunes naviguent aisément. Cela les oblige à faire évoluer leur pratique pour pouvoir s’adapter aux demandes de ce public-là. Sébastien s’est rendu compte que les équipes du pass Culture, par la connaissance qu’elles développaient des jeunes, pouvaient finalement avoir auprès de ces acteurs culturels une vraie mission de conseil, d’accompagnement pour les aider dans cette mutation. Cela se révèle être extrêmement important, même s’ils ne l’avaient pas imaginé au départ. Sébastien et ses équipes souhaitent que les jeunes soient satisfaits mais aussi les acteurs culturels. Il faut donc être en capacité d’adapter son offre, de faire des propositions attractives aux jeunes pour que l’investissement soit rentable.

En quoi le regard du Ministère de la culture a changé grâce à cette initiative ?

Le regard du Ministère de la culture évolue car grâce au pass Culture il peut avoir une connaissance plus fine des pratiques culturelles des jeunes, de manière concrète. C’est intéressant car cela lui permet de faire évoluer quasiment en temps réel ses politiques publiques et d’utiliser le pass Culture pour cela. C’est donc un jeu d’interaction permanente dans lequel le Ministère de la culture formule des demandes au pass Culture, les challenge tandis qu’eux font remonter des informations qui le challengent aussi. Ils sont parvenus à mettre en place un climat de confiance dans lequel chacun respecte les activités de l’autre. Cela leur permet de travailler de manière très fluide. 

Ce climat de confiance se retrouve dans le Comité de direction de Sébastien et avec ses collaborateurs, formant une harmonie collective et individuelle. Quelques mots dessus.

Sébastien accorde beaucoup d’importance à la question de l’écosystème. Au sein du pass Culture, ils avaient besoin d’avoir un écosystème cohérent dans lequel tout est connecté. Au moment du recrutement et de la composition du Comité de direction, l’idée était d’avoir des gens qui étaient à la fois très compétents dans leur domaine de référence et qui à la fois aient cette ouverture d’esprit, soient en dialogue permanent avec leurs alter egos d’autres directions. Ce n’est pas chose aisée mais ils ont toujours tenté de garder ces notions dans l’idée qu’ils sont un écosystème qui fonctionnera tant qu’ils travailleront tous ensemble. Ils travaillent sur des objectifs collectifs, déterminent la manière dont chacun peut intervenir dessus, identifient les points d’interaction et les éventuels points de friction.

L’équipe du pass Culture est jeune, engagée, motivée mais aussi peu connaisseuse du milieu professionnel, c’est donc aux seniors de guider les plus jeunes et de leur faire intégrer cette vision du projet. 

Pour Sébastien, elle est essentielle car l’objet pass Culture est trop atypique et trop nouveau pour se permettre de raisonner autrement que de manière collaborative et systémique. 

L’objectif est de faire comprendre à tous les acteurs culturels et les jeunes concernés que le pass Culture leur appartient. C’est un bien public partagé. Et chacun peut contribuer pour son plus grand bénéfice à son développement. Cette idée d’appropriation du pass Culture par toutes les parties prenantes est absolument centrale.