2023, Le Temps d’après

Et si la grande question pour les dirigeants en 2023 était une question éminemment existentielle. Non pas une question d’endettement ou de prix, d’innovation ou de supply chain, mais une question plus centrale et éternelle. Celle du Temps. Le temps du dirigeant, mais aussi celui de ses collaborateurs si difficiles à recruter, fidéliser et engager.

C’est sans aucun doute ce que fait émerger la grande période de crise sanitaire et géopolitique que nous traversons. Krisis, moment de mutation, est en effet un des trois termes dont se servaient les grecs pour exprimer le Temps, avec celui de Chronos, le temps long, et Kairos celui de l’évènement inattendu. C’est à ces trois temps que le dirigeant, malgré lui, est durablement confronté. 

L’urgence c’est le long terme. Le temps long du récit, celui qui donne un sens et se traduit dans une Raison d’être avant même de s’incarner dans une stratégie qui lui donne corps.

On voit à quel point aujourd’hui cette capacité à promouvoir le temps long, à redonner une véritable perspective, est un des facteurs incontournables d’engagement pour les jeunes générations, à l’opposé du temps court de la finance qui a prévalu pendant plusieurs décennies.

Facteur aussi de rejet de ceux qui ne savent pas l’incarner avec authenticité. Le dirigeant en est le premier responsable.

Une autre dimension du temps est celle de son équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le confinement et le télétravail ont montré que pouvait exister un meilleur partage entre la durée de ces deux temps.

Que l’une ne pouvait durablement se laisser sacrifier au profit de l’autre, mais que chaque temps pouvait nourrir l’autre et lui donner du sens.

Cette quête d’équilibre est encore en gestation tant les organisations sont en train de se réinventer en croisant verticalité et horizontalité, intelligence individuelle et collective. L’hybridité positive est en marche. Le dirigeant en est le premier acteur.

Mais cette hybridité ne sera possible et durable qu’à condition que ce temps professionnel et collectif soit un temps nouveau qui fasse grandir.

Cette qualité du temps passé ensemble est cruciale et exigée pour libérer l’engagement, la créativité et l’innovation. Et l’on touche là à l’un des premiers facteurs de démission et de retrait, celui de l’organisation et du management toxiques.

A trop fermer les yeux sur des pratiques du monde d’avant qui privilégie le contrôle, l’infantilisation et le manque d’exemplarité, on condamne ad vitam toutes stratégies d’avenir dans un monde VICA qui appelle au contraire, confiance, transparence et sécurité psychologique. Le dirigeant en est le premier garant.

 

Et si 2023 était moins le monde d’après que le Temps d’après.

 

David GUIRAUD le 05/01/23

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