Les défis de la relation fonds d’investissement / dirigeants

Antoine Beaussant, Partner VISCONTI, échange avec Louis Godron, Président d’Argos Wityu.

Avec plus d’un milliard d’euros d’actifs sous gestion, Argos Wityu est un des plus beaux fonds d’investissement indépendant européen, bien connu pour son célèbre « Indice Argos ». Acteur du capital développement depuis trente ans, toujours comme actionnaire majoritaire, Argos Wityu a engagé près d’une centaine d’entreprises dans leur transformation et leur accélération.

 

Pour Argos Wityu, le rôle d’actionnaire est d’être un accompagnateur et un déclencheur de transformation dans les entreprises. Ce rôle va guider les relations du fond avec les dirigeants, qui seront basées sur des échanges riches et directs et sur une relation proactive, basée sur la confiance. La première attente du fond vis-à-vis du dirigeant, c’est son envie de se projeter dans une telle relation, faite de confiance et de transparence. 

 

Les missions du dirigeant :

Les principales missions d’un dirigeant, selon Louis Godron, sont les suivantes :

• Définir une vision, une stratégie
• Exécuter la stratégie, mettre en œuvre
• Engager les équipes

 

Les premières qualités d’un dirigeant sont :

• le leadership
• la transparence
• et le courage.

Être dirigeant, c’est rude. Le rôle du fonds majoritaire c’est de partager cette rudesse.

 

Les défis de l’actionnaire vis-à-vis de son dirigeant :

• Ne pas se tromper de rôle
• Être toujours sûr qu’il y a alignement entre le dirigeant et le fonds. 

 

“Mettre L’humain au centre”

Le slogan d’Argos Wityu « Mettre l’humain au centre » signifie que l’humain est le premier facteur de création de valeur. Le rôle de l’actionnaire majoritaire c’est de renforcer l’entreprise et de la transformer. Il n’y a pas de transformation sans mettre l’humain au centre. L’enjeu, c’est de créer une dynamique humaine.

Pour Louis Godron, on ne réussit la transformation qu’en agissant sur la culture. Et l’humain est au centre de cela. Ce qui ne signifie pas seulement être entouré des bonnes personnes mais aussi faire l’effort d’avoir une communication fluide avec l’ensemble des équipes, et pas seulement la direction. 

Comme toutes les entreprises, les participations d’Argos Wityu ont traversé des crises plus ou moins brutales comme la crise des subprime et 2008. Dans son expérience d’investisseur, Louis Godron n’a jamais vu un seul business plan se réaliser : il y a toujours des retournements de situation inattendus. Mais quand la transparence et la confiance sont là, les solutions se mettent en place. Les pires moments de crises sont les rares moments durant lesquels le fonds réalise que la transparence n’a pas été là. En tant qu’actionnaire majoritaire, il est compliqué de réaliser que des dysfonctionnements ont été dissimulés. Cette perte de confiance envers un ou des collaborateurs est très difficile à gérer.

 

Le style de leadership de Louis Godron, en tant que Dirigeant d’Argos Wityu :

Argos Wityu est aussi une entreprise qui cultive un fort esprit entrepreneurial. 

Le style de leadership de Louis Godron est résolument collaboratif. L’équipe Argos Wityu est composée de 50 personnes, dans six pays différents et avec douze nationalités. La plupart des associés actuels d’Argos Wityu sont rentrés comme stagiaire au début de leur carrière.

 

3 conseils pour être un bon dirigeant : 

• Être clair avec ses équipes, ses actionnaires, l’ensemble du personnel
• Décider dans l’incertitude
• Choisir un investisseur avec lequel on se sent aligné. Travailler la qualité de la relation investisseur/dirigeant. Un bon investisseur doit être le sparring partner du dirigeant.

 

Les qualités clés d’un excellent dirigeant :

• Leadership qui écoute et qui engage
• Transparence avec l’actionnaire et avec les équipes
• Courage

 

La période actuelle multiplie les facteurs de rupture : innovations disruptives, révolution digitale, transformation des modes de consommation, changements dans l’organisation du travail, guerre des talents, enjeux environnementaux.

Ces facteurs remettent en cause les business modèles. Les entreprises doivent être capables de pivoter. Parmi ces facteurs, Louis Godron souligne l’impact des enjeux de décarbonation et l’impact de la Covid dans les modes de consommation ou d’organisation du travail, et l’apparition de nouvelles attentes des collaborateurs et équipes.