Jean Pierre MOTA, Partner coach VISCONTI, accueille aujourd’hui Xavier Daubignard, directeur général de SPIE ICS.

Qui est Xavier Daubignard ?

Xavier, 49 ans, trois enfants, est ingénieur de formation et depuis dix-huit ans, il exerce au sein du groupe SPIE, leader européen indépendant des services multi techniques dans le domaine de l’énergie et des communications.

Depuis trois ans, Xavier est directeur général de la filiale française de SPIE dédiée aux métiers de la transformation numérique, appelée SPIE ICS.

Quelles sont les grandes étapes qui ont amené Xavier à devenir directeur général de SPIE ICS ?

Xavier est présent depuis 18 ans au sein du groupe SPIE. Trois mots résument son parcours : fidélité, engagement et entrepreneuriat. Il était important pour Xavier d’évoluer dans un groupe qui favorise l’entreprenariat et qui dispose de valeurs fortes : la proximité, la performance et la responsabilité.

Xavier a occupé six postes différents au sein de SPIE. Leurs composantes communes : des challenges de transformation et d’importantes conduites du changement à opérer (pour rapprocher ou faire pivoter stratégiquement des entités…).

Le dernier challenge qui lui a été confié était la reprise de l’ESN du groupe : SPIE ICS.

Est-ce une difficulté de changer de secteur d’activité ?

Xavier voit plutôt ce changement de secteur comme une formidable opportunité d’appréhender un nouveau marché, celui du numérique, qui réagit différemment des marchés liés à la transition énergétiques où il évoluait auparavant.

Cela l’a forcé à se remettre en question, à mener des phases de compréhension et d’écoute active de l’environnement. Ce changement n’a donc pas été vécu comme une difficulté mais bien comme une opportunité et Xavier a pris ce poste avec beaucoup d’enthousiasme, d’humilité et de curiosité.

Dans sa démarche de croissance externe, comment Xavier choisit-il ses cibles ? Quelles sont les conditions de réussite pour qu’une acquisition se déroule bien ?

La croissance externe fait partie du modèle de développement du groupe SPIE et, à plus forte raison, pour les activités de services numériques. Ce domaine est encore extrêmement fragmenté, il y a donc encore de belles opportunités de croissance.

Le domaine numérique évolue également très vite et il faut toujours se renouveler pour proposer aux clients des offres technologiques correspondant à leurs besoins. Il y a donc nécessité de s’intéresser à des croissances externes.

Pour acheter des sociétés il est important de regarder plusieurs points.

- ll faut que l’acquisition corresponde à la stratégie des deux entreprises :  l’acquéreur et le cédant. Le projet industriel construit doit avoir du sens pour les deux parties.

- Le deuxième point de vigilance porte sur le partage des valeurs et la nécessité d’avoir un socle de culture commun. Xavier ne se lancerait pas dans une acquisition sans être certain que l’entreprise ciblée partage les valeurs fondamentales de SPIE.

Ce socle de valeurs doit être parfaitement incarné par l’équipe dirigeante.

Les Hommes et la culture : ces deux points sont fondamentaux dans l’acquisition d’une entreprise.

Focus sur l’acquisition d’Infidis

Avec Infidis, nous sommes dans l’illustration du premier point : c’est-à-dire l’alignement stratégique SPIE ICS avait formulé, à l’arrivée de Xavier, un nouveau plan stratégique pour la mandature 2020-2025 avec six axes stratégiques.

Infidis correspondait à l’un des axes, celui de pénétrer plus fortement le domaine des services autour du data center. C’est donc naturellement qu’ils se sont intéressés à cette société.

Comment se passe l’intégration d’une société de 100 personnes dans un groupe de plus de 3000 salariés ?

Il existe toujours un risque. Il est évident que cela représente un changement important et que des paramètres vont être modifiés. Mais SPIE sait faire en sorte que les équipes se sentent intégrées et gardent l’esprit d’entrepreneurs.

Infidis était avant tout une équipe de 60 entrepreneurs qui avait l’envie de donner un futur à leur société. Ils avaient besoin d’enrichir leur offre en termes de couverture technologique.

Le projet industriel construit ensemble répondait donc à la volonté stratégique des deux entreprises. Intégrer un groupe, cela nécessite de changer les contours du terrain de jeu.

Il y a des principes à respecter, des outils à mettre en place pour poser un vocabulaire commun. Cela provoque immanquablement des transformations. Mais il faut prendre garde à préserver la capacité de l’entreprise rachetée à continuer d’opérer son business, car c’est la première raison de son acquisition.

Trois grands conseils pour nos auditeurs ?

Parmi les bonnes pratiques qui conduisent au succès lors de l’acquisition de société Xavier citerait :

- Intégrer rapidement les sociétés achetées dans le système d’information de l’acquéreur. Il faut parler un vocabulaire commun notamment en termes de gestion ;

- Veiller à maintenir un bon niveau de communication. Lors de l’acquisition, un projet industriel commun est défini. Dans cette phase d’intégration, qui doit être menée avec une grande rigueur, la communication tient une place centrale.

Il y a beaucoup d’acculturation, avec un accompagnement de l’équipe dirigeante qui rejoint SPIE ICS. Il faut donc investir beaucoup d’énergie sur la communication et la compréhension commune pour respecter les deux parties ;

- Ne pas sursolliciter la société achetée. Il y a toujours ce risque, lors de l’acquisition d’une société plus petite qui doit continuer son exploitation.  Il y a une promesse de continuité de business, de création de valeur complémentaire.

Il faut donc réguler la manière de solliciter les équipes de la croissance externe pour éviter de « l’assommer » de demandes.

En conclusion, quand le projet industriel est bien construit, on écrit collectivement une très belle page