L'actualité Visconti
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Les décisions prises sur les quotas de représentation de femmes dans les conseils d’administrations ont relancé ces dernières semaines de nombreux débats sur les sujets de la place des femmes dans nos entreprises.
Nous vous proposons de faire connaissance avec deux de nos coaches VISCONTI – Kirsten ROENNAU et Catherine VERNEUIL – qui vont au travers d’une interview croisée, évoquer sans faux semblants leur propre expérience de dirigeante, de coache de dirigeant(e)s et donner leur point de vue sur ces questions.
Les destins croisés, une interview croisée des femmes coaches de dirigeant VISCONTI. Autour de plusieurs questions, Kirsten et Catherine partagent avec vous leurs riches expériences professionnelles en tant que dirigeantes.
En tant que coach de dirigeant quelle différence faites-vous entre coacher un homme dirigeant ou une femme dirigeante?
Catherine : Pour moi pas vraiment dans le fond, c’est plutôt une question de forme, les femmes sont sans doute plus sensibles à la façon dont on dit les choses. Le problème s’il existe n’est pas fatalement une question de genre mais plutôt de personnalité. De ce que déclarent nos clients, il est plus simple pour un homme d’avoir accès à une communication libérée avec une femme car une fois la confiance instaurée, ils ne voient pas poindre le risque de la compétition qui peut exister très vite entre deux hommes. Et, contrairement aux idées reçues ils trouvent les femmes plus directes dans leur communication.
Kirsten : En effet, je ne fais pas de différences, mais je constate quelques différences dans la collaboration. Une remarque : les femmes semblent plus « pressées », toujours en train de courir pour remplir trois mille tâches en même temps. Mais plus pressées également à introduire des changements. Après, les thèmes sont les mêmes, la tâche d’un dirigeant d’entreprise ne change pas selon le sexe. Ce que je vois aussi, c’est que beaucoup d’hommes apprécient échanger avec une femme coach et avoir l’opinion d’une femme dirigeante quand ils discutent normalement qu’avec des hommes (au sein du CoDir par exemple).
Que pensez-vous de la discrimination positive ?
Catherine : Je suis partagée. Je n’y ai jamais été vraiment confrontée ou plutôt oui, mais à l’inverse!
Il est prouvé que le bon fonctionnement d’une entreprise est boosté par la mixité, c’est donc globalement une bonne idée sur ce terrain. Le point négatif, c’est que la discrimination positive risque de renforcer l’idée que les femmes arrivent par usurpation ; les « élues » vont voir se renforcer leur sentiment d’imposture, leurs homologues masculins seront au mieux goguenards et au pire méfiants voire hostiles. L’enfer est pavé de bonnes intentions mais d’un autre côté on voit que rien n’avance en France sans la carotte et le bâton.
Kirsten : Si la question concerne les fameux « quota femme », je n’aime pas cela. Je ne voudrais pas occuper un poste considéré « quota », je souhaite remplir un poste pour mes compétences techniques et sociales, ma personnalité, mon enthousiasme et mes qualités de leadership. Plutôt que de se donner des quotas, les entreprises devraient faire attention à embaucher plus de femmes et les faire évoluer. Après, il n’y aura plus besoin de quota et le poste aura celui avec la meilleure compétence.
Catherine, quel est ton pire souvenir de femme au sommet ?
Catherine : Ce n’est pas lié du tout à mon statut de femme dirigeante mais à mon statut de dirigeant tout court. C’est intéressant de voir qu’il n’y a pas de lien direct entre le souvenir le plus positif ou le plus négatif et le fait que je sois une femme.
Kirsten, dans ton parcours international, quel a été le pays où être une femme dirigeante est le moins difficile ?
Kirsten : Entre la France et l’Allemagne je ne vois pas vraiment des différences, peut-être un petit peu plus facile en Allemagne. Surtout dans le monde de l’automobile, qui était mon domaine, un secteur normalement très masculin, il y a beaucoup de femmes dirigeantes en Allemagne aujourd’hui qui sont très respectées.
Et, à ton avis quelles sont les attentes des salariés vis-à-vis d’une femme dirigeante ?
Kirsten : Pas d’avis spécifique à prononcer sur cette question. Je pense que les attentes sont tout simplement les attentes qu’ils ont vis-à-vis de leur dirigeant, homme ou femme. C’est-à-dire, de bien remplir son rôle de leadership, guider par l’exemple, définir la stratégie, faire appartenir et communiquer.
Catherine, tu as fait carrière et tu as été dirigeante dans un milieu très féminisé, les études de marché ; est-ce vraiment un atout dans un secteur à 70% constitué de femmes?
Catherine : Pas vraiment car c’est un leurre ; en tant que dirigeante d’un institut j’ai été élue au Conseil d’Administration du Syntec EMO en 2008. Dans le mandat précédent, il n’y avait eu qu’une seule femme et nous étions alors encore seulement 2 femmes. Si vous regardez sa constitution actuelle, cela n’a guère évolué. Dans le top 10 de la profession, il y a très peu de femmes à la Direction Générale, et une seule à la Direction Générale France d’un grand. En son temps, Laurence Parisot a été la figure emblématique des femmes dirigeant un institut d’études mais c’était l’arbre qui masquait la forêt.
Et, que dire de l’électro-ménager que tu as également connu?
Catherine : C’est le paradoxe de l’électro-ménager : cela s’adresse principalement aux femmes mais l’industrie est principalement dirigée par des hommes. La « success story » de Brigitte Petit chez Beko est un cas d’espèce mais c’est quelqu’un de remarquable et que j’admire beaucoup. Lorsque nous étions toutes les deux chez Brandt, dans les années 2000, c’était à de rarissimes exceptions près impossible de crever le plafond de verre. Ca bouge très peu et très lentement.
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Kirsten, tu as travaillé dans un secteur très masculin, l’automobile, comment as-tu vécu tes positions en tant que femme ?
Kirsten : j’ai été jugée pour ma compétence dans le secteur mais il fallait que je fasse plus de preuves que mes collègues hommes surtout sur les questions techniques et mon savoir de l’industrie. Après, c’était aussi une question de « culture », c’était plus facile en Allemagne et en France qu’en Italie. Une fois ma compétence acceptée, je ne voyais plus de différences.
D’après toi, quelles sont les principales différences entre les coachés, selon les pays ?
Kirsten : les coachés en Allemagne font très strictement attention à la confidentialité du Coaching, il n’aime pas communiquer à leurs équipes le fait d’avoir un coach. Les français sont plus ouverts au Coaching, les anglais, les suisses et les italiens également.
Au final, si vous deviez donner un conseil à une femme dirigeante, ce serait lequel ?
Kirsten : J’ai trois conseils à donner :
1) Restez femme, ne cherchez pas à « être homme »,
2) Apprenez les règles du jeu – vous avez plus de chance de gagner,
3) Ne plongez pas dans le syndrome de l’imposteur.
Soyez fière de vos succès, ne mettez pas votre lumière sous le boisseau (une expression allemande !) et comme on dit en anglais : do good things and talk about it ! Saisissez votre chance dans ce monde de business en mutation !
Catherine : Premier conseil, c’est toujours trivial mais en premier, prendre le recul nécessaire face au syndrome de l’imposteur ou aux regards dubitatifs, ne pas hésiter à se faire accompagner par un coach ou UNE coach qui a été à sa place, dirigeante. Et, ne pas vivre cet accompagnement comme un palliatif à leur insuffisance, aujourd’hui la plupart de nos clients sont … des hommes !
Le deuxième conseil est encore évident, mais pas tant que ça quand on regarde autour de soi. Il faut surtout éviter de se dénaturer et vouloir diriger comme le ferait un homme. Le manque de naturel donc d’aisance peut vite faire sombrer dans la caricature.
Il n’y a pas de femmes ou d’hommes parfaits, il n’y a pas de dirigeante ou de dirigeant parfait. Assumons !
Et, à une femme coach de dirigeant ?
Kirsten : Ce sont exactement les mêmes réponses que pour une femme dirigeante, tant qu’il s’agit d’une femme coach de dirigeant tel que nous l’exerçons chez VISCONTI. Je ne suis pas à même de parler des autres formes de coaching qui existent.
Catherine : Prendre conscience du fait que l’on est porteuse de quelque chose de différent et de rare. Aujourd’hui, le coaching de dirigeants par des dirigeants est adressé essentiellement par des hommes représentatifs du monde des dirigeants des années 2000 et il y a encore peu de diversité, même si chez VISCONTI nous y travaillons d’arrache-pied.