L'actualité Visconti
Newsletters thématiques
Newsletters thématiques
Comme chaque année de primaires présidentielles américaines, la presse locale déverse un flot de clichés aussi surannés qu’injustifiés. Le candidat Jeb Bush, accusant son rival Marco Rubio de travailler au Sénat « à la française », perpétue la tradition qui a vu John Kerry, Mitt Romney parmi tant d’autres se faire critiquer pour leurs sympathies françaises.
Les tabloïds anglais ne sont jamais avares d’attaques sur le modèle économique et social français, et même la presse économique allemande a sombré récemment dans le French Bashing.
En apparence et en statistiques, rien ne justifie une telle attitude.
Trois bonnes raisons pour recruter des dirigeants de PME et ETI françaises, des talents français confirmés ou en devenir et trois bonnes raisons pour investir en France, car la France représente environ 5 à 8% du marché mondial et dispose d’une source de talents multilingues et multiculturels grandissante.
A l’image du manque d’appétit pour le travail, les français répondent par une productivité supérieure à la moyenne.
Eurostat estime que cette productivité horaire est 14% plus forte que la moyenne européenne pour un nombre d’heures effectivement travaillées de moins de 2% inférieur à la moyenne européenne en 2014.
Bien que ces statistiques n’existent pas de manière fiable aux Etats-Unis et au Japon, l’impression est que la productivité horaire française est bien supérieure à la moyenne des pays industrialisés, voire des pays en voie de développement.
A l’image de la fuite des talents professionnels français vers l’étranger, il faut également répondre par quelques statistiques.
Sur les trois dernières années, l’INSEE estime qu’environ 200 000 français quittent la France chaque année pour s’installer à l’étranger. Environ 25% ont entre 18 et 30 ans. Le flux de retour est estimé à 80 000 français en 2013.
Un solde de départ qui n’est pas anormal en comparaison des autres pays européens. En sondant les français, le pourcentage de ceux qui voient leur avenir à l’étranger est en régression par rapport aux deux dernières années, mais reste aux alentours de 20%.
Dans notre environnement qui s’internationalise, la recherche d’un apprentissage à l’étranger est une bonne chose ; nous avons mis de nombreuses décennies avant d’appliquer la théorie économique et managériale de David Ricardo, nous rattrapons le temps perdu.
En essayant de ne pas tomber dans la caricature en généralisant une profession très hétéroclite : au dirigeant anglo-saxon super-star, j’aimerais opposer le dirigeant français extraordinaire. Ayant passé de nombreuses années à diriger des entreprises non-françaises à l’étranger puis à accompagner des dirigeants français, j’ai le sentiment que si je prenais un bon dirigeant de PME ou ETI anglo-saxon et que je le mettais à la tête d’une PME ou ETI en France, ce dirigeant aurait peu de chances de réussir. Par contre, dans le cas contraire, le dirigeant français serait exceptionnel et brillant, l’entreprise anglo-saxonne en profiterait pleinement.
Pourquoi ? Le dirigeant français de PME ou ETI doit travailler initialement sur un marché national modeste (en comparaison des Etats-Unis) et avec une telle somme de contraintes inédites à l’étranger que son ADN a intégré ces contraintes dans la conduite de l’entreprise.
Nous le constatons régulièrement, ces contraintes ne les empêchent pas d’être ambitieux, de visualiser des trajectoires stratégiques pertinentes, de les traduire opérationnellement, de flexibiliser leur entreprise tout en développant l’emploi et un climat social apaisé.
Si cette analyse se révèle juste, alors à quoi sert le « French Bashing », et que cache-t-il ? Est-ce que la France reste un territoire attractif pour les français comme pour les étrangers ? Serait-ce de la jalousie, de l’incompréhension ? Un éclairage critique sur le paradoxe français est nécessaire.
Trois bonnes raisons pour persévérer et démontrer qu’un dirigeant français a un énorme potentiel à devenir un dirigeant extraordinaire et que le marché français est un terrain propice aux investissements.
La nouvelle génération d’entrepreneurs français est à la fois respectueuse des contraintes et résolument progressiste.
La nouvelle économie internationale du Cloud, du Gaming et de la Mobilité a ouvert ses portes aux talents français : ingénieurs, entrepreneurs et dirigeants. Ce qui change en ce moment est l’impact de ces talents. Hier la France découvrait, et les anglo-saxons commercialisaient et récoltaient. Aujourd’hui la France décline ses inventions opérationnellement. Les
dirigeants que nous accompagnons dans ce domaine ont parfaitement intégré les leviers de motivation de la génération Y, la gestion de trajectoires ambitieuse, les nouveaux modes de gestion d’entreprises et la dynamique de progrès pour leurs entreprises ainsi que l’internationalisation de leur terrain de jeux.
Cette tendance commence aussi à s’appliquer à la « vieille économie ». Par exemple, une société française détient un savoir-faire complexe : brevet, prototypes… (Pour réduire la pollution des poids lourds et à terme d’une grande partie du parc de véhicules automobiles). Elle se bat avec beaucoup d’efficacité pour opérationnaliser son invention et conserver la mainmise du futur commercial de cette technologie et attire l’intérêt de sociétés dans le monde entier. Il y a quelques années, la monétisation rapide de l’idée était la priorité. Aujourd’hui le petit gain rapide a fait place à des ambitions plus grandes. Les exemples de dirigeants français remarquables abondent.
Sur les 200 nouveaux dirigeants que notre réseau accompagne chaque année (en plus de nos clients existants), la grande majorité est dans cette nouvelle ambition : innover quel que soit le domaine, créer de la valeur, créer de l’emploi, prendre du plaisir. Les contraintes de notre économie sont devenues des zones d’apprentissage, de flexibilité et d’originalité. Une grande majorité s’intéresse plus au progrès de l’entreprise qu’à son bonus.
L’enrichissement personnel passe autant par la réussite du projet et des collaborateurs que par l’état de son compte en banque. On peut raisonnablement espérer l’émergence des prochains Google dans les domaines d’avant-garde de l’environnement et du Cloud, comme dans les domaines moins glamour du bien-être : de la nutrition, des services à la personne…
La nouvelle génération de dirigeants français est pragmatique et sereine.
L’environnement du travail en France n’est pas exempt de critiques, mais celles-ci ne sont pas là où les media les cherchent. La source de problèmes et surtout de solutions réside en grande partie chez les dirigeants d’entreprises. Trop de responsables de filiales françaises de sociétés internationales avaient pris l’habitude de résister aux changements imposés ou de justifier leurs manques de résultats en évoquant les contraintes légales locales et le coût du travail trop élevé. Trop de dirigeants « assistés » leur ont emboité le pas en cherchant des causes exogènes à leur carences managériales et leur leadership défaillant.
Aujourd’hui les dirigeants ont un sens de la gestion de la performance de leurs équipes. La formation et l’accompagnement des cadres intermédiaires pour améliorer la qualité de supervision des équipes est quasiment au budget de toutes leurs entreprises. Un plan de licenciement est perçu avant tout comme un échec managérial et une faiblesse du système de management de la performance. Il ne faut pas faire d’angélisme, il y aura toujours des départs de collaborateurs qui sanctionneront une inadéquation identifiée et partagée très tôt et suite à de vrais efforts de formation et de mobilité ; et ceci est souhaitable. Les modes de rémunération évoluent.
Le marché français est un bonheur : une mixité, un métissage et une population grandissante.
Le marché français qui paraissait si complexe à la fin du siècle dernier est maintenant perçu comme un bon territoire d’apprentissage. La complexité n’a pas disparu, elle devient accessible et s’intègre. Avec les nouveaux entrants du marché (employés comme entrepreneurs), cette structure sociale qui continue encore aujourd’hui à privilégier ceux qui travaille en CDI va disparaître. Le monde binaire : emploi-chômage sera battu en brèche par la pyramide des âges.
Ce monde polaire fera place à de nouvelles formes d’emploi qui pourront profiter de l’extraordinaire productivité horaire qui existe en France, et des nouvelles générations d’entrepreneurs et de dirigeants.
Je parie sur une meilleure gestion de la performance, plus anticipative, plus rapide et plus juste pour éviter que les situations ne pourrissent et ne fassent les « choux gras » des représentations minoritaires.
Une nouvelle génération de travailleurs et de consommateurs est en marche et prend une part plus importante du marché français. Si nous trouvons les bonnes clés de la distribution des richesses sans castration des ambitions et avec une touche environnementale, alors ce marché domestique ne peut que fleurir. C’est un travail d’accompagnement des dirigeants excitant et fabuleux.